CAROLINE PHILIBERT, Documentariste

 

Si dure la douleur

Conseil scientifique : Patrick Hillon

Production: Université de Bourgogne,

Les films du village

Distribution : Université de Bourgogne

CERIMES , l’harmattan.

Public : professionnels de la santé, étudiants.

Durée : 52 minutes

La douleur CHRONIQUE, véritable problème de santé publique, est présentée ici dans sa complexité et dans ses conséquences sur la vie quotidienne. Il s’agit souvent de migraines, de maux de dos, de douleurs de membre fantôme. Ces douleurs ont surgi souvent après un traumatisme et le “malade” ne peut s’en débarrasser. Bien qu’elles lui pourrissent la vie, elles ne sont pas toujours prises au sérieux par l’entourage ni par les médecins…

A propos de la douleur, la plainte est une parole difficile à entendre. Incommunicable, impossible à partager, la douleur de l’autre nous renvoie à nos craintes, à nos difficultés d'être. Elle est rappel pathétique de notre finitude. En même temps, parce qu'elle n'est que peu entendue ou mal entendue, elle dénonce une société qui a fait un tabou de la faiblesse et la souffrance et qui rejette dans le camp de l'anormal ceux dont la fragilité se montre au grand jour.

C'est pourquoi ce documentaire souhaite donner le temps à la parole et à la réflexion en brisant le silence, et en allant au delà du discours technique, trop bien construit.


En même temps qu'un plaidoyer pour une meilleure prise en charge de la douleur, il propose une réflexion sur sa place dans la vie de nos contemporains, sur l'aspiration -récente- à une vie sans douleur.


Articulé autour d'un personnage principal, souffrant d'une migraine totalement invalidante, le film donne la parole à plusieurs "douloureux chroniques". Ceux qu'aucun traitement n'a soulagés. Ceux dont la douleur devient souffrance. Ceux dont la plainte n'est pas entendue. J’ai voulu montrer à quel point une douleur irréductible affecte profondément la vie sociale, familiale, professionnelle et jusqu'à la personnalité des souffrants, et comment, diminués, dévalorisés, infirmes, ils peuvent entrer dans un cercle infernal : des troubles physiques, psychologiques, sociaux vont entourer comme des cercles la douleur première, en la modifiant, l'intensifiant ou l'étendant plus ou moins…


Le film interroge aussi ceux qui, du côté des bien-portants (médecins, personnel soignant, philosophe, anthropologue, familles) ont choisi de réfléchir à la douleur, à son sens, à ses conséquences et aux moyens d'y faire face. Citons, entre autres, les apports de Paul Ricœur, de David le Breton et de Gérard Ostermann, reproduits ici en archives.


Les "spectateurs", plongés tantôt dans l'univers intime de la souffrance, tantôt dans l'univers des "experts", participent à une quête pour comprendre un peu mieux le pourquoi et le comment de la douleur, le comment la dire, le comment l'entendre.


 

Le panaris est un souffrance atroce. Mais ce qui me faisait souffrir le plus, c’était que je ne pouvais crier. Car j’étais à l’hôtel. La nuit venait de tomber et ma chambre était prise entre deux autres où l’on dormait.
Alors je me mis à sortir de mon crâne des grosses caisses, des cuivres et un instrument qui résonnait plus que des orgues. Et profitant de la force prodigieuse que me donnait la fièvre, j’en fis un orchestre assourdissant. Tout tremblait de vibrations.
Alors, enfin assuré que dans ce tumulte ma voix ne serait pas entendue, je me mis à hurler, à hurler pendant des heures et parvins à me soulager petit à petit.

                                                        Henri Michaux (mes propriétés)


AU GENERIQUE


Entretiens :

Paul Ricœur, David le Breton,

Gérard Osterman, Patrice Queneau, François Boureau, Marielle Gomard,

André Muller, Christion Minello,

Hervé Aubé et deux aides-soignantes.


Et aussi :

Yves Joubert et Anne Richard,

Jean Krysiak et sa famille, Mireille Maurin, Pascal Fromentin, Denise Porcherot


Image : François Royet

Montage : Eva Lenkiewicz

Musique : Michel Thibault