CAROLINE PHILIBERT, Documentariste

 

EXPRESSION ET COMMUNICATION

Classes de BTS dans l’Enseignement Agricole



Une série de films à regarder en classe, accompagnés de livrets d’utilisation à l’intention des enseignants – est réalisée entre 1988 et 1992. Elle a pour but de fournir des documents support pour les formations à l’expression et à la communication, qui font leur entrée dans les programmes. Ces documents s’appuient sur les recherches en sciences de la communication qui se développent depuis les années 50.


1988 - L’institut National de recherches et d’application pédagogique (INRAP) où je travaille expérimente une évaluation par modules en BTS. Le nouveau programme inaugure en didactique des disciplines, mais aussi en “sciences humaines”. A défaut de faire de la littérature, de la philo ou de la sociologie rurale, un nouveau concept est à l’honneur : la “communication”. Sans s’occuper de contenus culturels, on travaillera à la mise en forme de l’expression et à l’efficacité des interactions entre deux personnes ou dans un groupe, apprentissages qui semblent utiles pour la vie professionnelle de cette classe moyenne de l’agriculture. C’est aux professeurs d’éducation culturelle que sont confiés les modules de communication. Comme représentante de cette discipline à l’INRAP, je me jette dans ce crime de lèse-culture.


Les étudiants auront à s’instruire et à s’exercer pour acquérir en 30 heures de formation un module de conduite de réunion. Je programme un stage avec une spécialiste patentée qui nous donne des pistes théoriques concernant la conduite de réunion. C’est cadré, c’est efficace. Nous accédons à des notions pratiques concernant

  1. -les fonctions d’animation : facilitation, régulation, production,

  2. -l’objectif de la réunion : définition, consensus,

  3. -les processus de prise de décision,

  4. -le statut des participants, le cadre institutionnel, les pouvoirs, les relations inter-personnelles.


Le stage est presque entièrement consacré à acquérir ces notions avec de fréquentes ouvertures sur les implications pédagogiques. Mais arrivent avec la fin du stage, les questions qui fâchent. L’essentielle est celle-ci : la conduite de réunion doit faire  en fin de parcours l’objet d’une évaluation personnalisée, qui comptera pour l’examen. Comment, en 30 heures, former et évaluer 30 élèves ? Les premiers qui se lanceront dans cet exercice difficile qu’est l’animation d’une réunion seront dans une situation beaucoup plus périlleuse que les derniers, qui auront participé à tout le processus. Et puis l’évaluation ne prendra-t-elle pas tout le temps consacré à ce module ?

Un collègue qui a déjà expérimenté cet enseignement envoie chacun de ses élèves observer une vraie réunion professionnelle et lui demande d’en faire l’observation écrite, pour voir s’il en a bien compris les ressorts. Mais toutes les réunions sont différentes et l’enseignant ne peut pas suivre toutes les réunions lui-même. Il n’a donc pas de moyen d’évaluer la pertinence de l’analyse proposée par l’élève, qui peut aussi inventer une réunion et “recracher” son cours.


Poursuivant notre réflexion, il nous vient une idée : pour que les élèves soient tous mis dans la même situation au moment de l’examen, on pourrait filmer une vraie réunion, que les étudiants seraient à même d’analyser à la fin du processus de formation. Mais combien de réunions faudra-t-il filmer pour trouver LA situation qui dure quelques minutes seulement (pour laisser aux étudiants le temps de rédiger leur observation) et qui soit assez complexe en si peu de temps pour leur donner du grain à moudre ? Cette question nous conduit à un projet qui nous paraît satisfaisant : filmer une situation fictionnée qui accumulera en ¼ d’heure tous les pièges et les difficultés d’une réunion mal régulée. Le film sera proposé en fin de formation pour évaluer les connaissances théoriques et les capacités d’analyse de chaque étudiant.Nous nous mettons à trois professeurs d’éducation culturelle pour écrire le scénario : Christian Vuillaume, Marcel Ferréol et moi. Nous imaginons une réunion difficile, dans le contexte d’un lycée agricole, avec deux régulateurs successifs, très différents l’un de l’autre. Je tourne la séquence avec une dizaine de comédiens amateurs, incarnant chacun un personnage bien défini. Jean Paul Achard et Marcel Ferréol sont à la caméra, et Michel Richard au son. Pour le montage, il se fait au studio de l’INPSA avec Jean-Paul Achard.


A quelques personnes près, ce sera mon équipe pour les années suivantes.


Il a été convenu qu’un livret d’accompagnement serait utile aux enseignants pour tirer le meilleur parti du film. Je m’entoure pour l’écrire de Pierre Fouquet, pour les remarques sur les techniques d’animation de réunion, de Françoise Vallade pour l’observation des interactions et de Christian Vuillaume pour l’utilisation pédagogique du film.


Le livret, après avoir donné des éléments de contexte du film, présente simultanément (en deux colonnes) le dialogue et nos remarques et observations sur ce qui se passe. Puis une analyse générale des interactions (teintée d’analyse transactionnelle, très en vogue à cette époque). Enfin un chapitre sur l’utilisation du film, qui propose de le montrer, soit en début de formation, pour bâtir la réflexion à partir d’une référence commune, soit en cours de formation pour faire le point des acquis et rebondir sur les difficultés repérées à cette occasion, soit pour l’évaluation terminale, comme prévu au départ.

Le succès d’“Une réunion bien ordinaire” – 250 exemplaires vendus dans les lycées agricolespublics et privés en peu de temps – me conforte dans l’idée qu’il y a un vrai besoin d’outils pédagogiques dans ces formations à la communication interpersonnelle. Je décide donc de continuer ce travail et d’approfondir mes connaissances théoriques sur le sujet.


1989 - Dans ces années 80-90, la communication est devenue un objet privilégié de formation initiale et continue. Dans les organisations, on a pris conscience qu’une meilleure communication était souvent une condition sine qua non pour une meilleure productivité. Les sciences humaines dans leur ensemble ont ouvert la voie aux formateurs. Ethologues, ethnologues, sociologues, psychologues, psychosociologues, linguistes et neurobiologistes ont mené depuis les années 50, aux USA et en Europe des recherches parallèles et souvent convergentes sur les phénomènes d’interaction sociale. Je vais donc pendant quelques années me nourrir de ces publications pour développer des outils pédagogiques video, accompagnés de leurs livrets explicatifs pour l’enseignant.


Chaque video est une fiction, en général dénuée de commentaire. Les livrets proposent un résumé des travaux théoriques dont s’inspire le scénario, et un commentaire courant le long du scénario.


La première urgence, toujours dans le cadre de la mise en place du BTS Tage, me paraît être de donner aux enseignants des pistes pour la préparation à la conduite d’entretien d’enquête. Je m’appuierai pour cela sur les travaux de Carl Rogers, qui concernent la relation d’aide en psychothérapie, transposables dans l’entretien d’enquête, car ils catégorisent les attitudes de l’écoutant (l’évaluation, le soutien, la solution immédiate, l’investigation, l’interprétation… ) et les réactions que celles-ci peuvent provoquer chez l’interlocuteur.


Le scénario sera construit essentiellement sur ces catégories : le film, “deux ou trois choses qu’ils auraient dû savoir”, met en scène deux étudiants qui enquêtent auprès d’un agriculteur sur son travail. Il se déroule sous la forme de huit sketches, au cours desquels la communication entre les personnages se trouve perturbée, puis bloquée, du fait de la maladresse des enquêteurs. A chaque blocage, la séquence s’arrête. La séquence suivante reprend un peu avant le blocage, selon un autre déroulement, et continue jusqu’à un nouveau blocage, dû à une nouvelle attitude non conforme aux règles de bonne conduite de l’enquêteur (écoute bienveillante ).


Le livret d’accompagnement présente des apports conceptuels complémentaires aux “catégorie” de Rogers. Ils sont inspirés des travaux de Giglione et Matalon (“Les enquêtes sociologiques” Armand Colin) de Watzlawick et al (“Une logique de communication” Seuil) et Bazil, (cité par Layole dans “la conduite d’entretiens”, aux Editions d’Organisation). Ils permettent d’alimenter la douzaine d’heures de formation à l’entretien d’enquête, prévue au programme des TS Tage.A partir de ce second film, je fais souvent intervenir au tournage des comédiens professionnels, tant il m’apparaît que l’interaction filmée doit sonner “juste”, tant dans le ton de la voix que dans la gestuelle et les mimiques qui l’accompagnent, pour que l’observation soit possible. 


1990 - “Nous réagissons aux gestes comme d’après un code, secret et complexe, écrit nulle part, connu de personne, compris par tous” écrivait en 1929 Edouard Sapir, linguiste. C’est dire que l’intérêt pour les codes gestuels n’est pas nouveau. Or pour les deux premiers films, les commentaires ne concernent que les mots. Les attitudes non verbales ne font pas partie des analyses proposées. Or les comportements non verbaux sont presque toujours en lien avec les interactions verbales et toute observation d’une interaction devrait en tenir compte. Cependant, si langue et corps participent ensemble au processus de communication, cela ne signifie pas qu’ils y jouent des rôles équivalents. Watzlawick pose comme axiome que la parole informe sur le contenu, tandis qu’une partie des éléments para-verbaux (y compris le ton de la voix) informent sur la relation qui est établie. Ainsi une réaction à une parole n’est compréhensible que si l’on tient compte du contexte dans lequel elle a été énoncée et des codes sociaux précis qui régissent l’utilisation de ces éléments (codes qui peuvent varier selon les cultures).


Les recherches se sont peu à peu dégagées d’un aspect étroitement disciplinaire pour intégrer les apports des diverses disciplines. Les chercheurs sont passés, en linguistique par exemple, de recherches sur l’énoncé à des recherches sur l’énonciation, elle-mêmes confrontées à des recherches en psychosociologie portant sur la relation. Je décide donc d’aborder ce vaste sujet. Je m’appuierai essentiellement pour ce travail sur les travaux de Dominique Picard, dont l’ouvrage “Du code au désir, le corps dans la relation sociale” m’a passionnée et de Jacques Cosnier, qui travaille sur les gestes du dialogue et l’interaction conversationnelle dans “les voies du langage”. Paul Ekmann publie à propos de “l’expression des émotions”, et E.T. Hall, dans “la dimension cachée” développe les notions de distance et de structuration spatiale des relations. Watzlawick encore, et surtout Erving Goffman qui écrit sur “la mise en scène de la vie quotidienne”. Tous ces travaux sont confondus ou convergent avec ceux de l’Ecole de Palo Alto.


Le film “Gestes d’un jour” (écrit par Roland Labrégère et moi et dont le tournage est réalisé par Jean Mansion) est centré sur les interactions corporelles dans la vie quotidienne. Il met en scène une histoire assez banale qu’il s’agira d’observer et d’analyser : que révèlent tel geste, tel regard, telle mimique, telle façon de s’habiller, d’occuper l’espace ? Le film est suivi d’un commentaire de 4 minutes, illustré par des images choisies, qui donnent quelques clés.


Le livret ne présente pas le scénario, mais une série de photos extraites du film, images arrêtées d’un geste ou d’une situation. Puis un résumé des notions abordées par ces chercheurs : les fonctions de la communication non verbale, la structuration spatiale des relations, les interactions conversationnelles, les marqueurs de la relation, la mimo-gestualité. Deux pages, extraites du mémoire de CAPETA de Nathalie Proudhon (1989), donnent des indications sur la manière d’intégrer cette formation à la communication non verbale en cours d’expression et communication.

Enfin une série d’annexes présente quelques extraits choisis dans les textes des auteurs cités plus haut.


1991 – Former à la communication, c’est faire réfléchir sur la communication, faire prendre conscience que communiquer c’est transmettre un double message : des informations sur un contenu et des indications sur la relation établie entre les interlocuteurs. C’est aussi préparer à argumenter, à choisir et à transmettre des informations, à convaincre. Après avoir montré comment le langage para-verbal et gestuel est signe de la relation, j’ai voulu montrer que le discours est aussi un acte opéré pour influencer les décisions d’autrui.


Pour ce faire, peuvent être utilisées la séduction, l’argumentation, la coercition (ou son revers positif, la récompense) ou un procédé indirect : la manipulation.


Le “Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens” (dont je suis) écrit par Joule et Beauvois, aux presses universitaires de Grenoble est amusant et convaincant. Il répertorie et décrit les procédés qu’utilisent publicitaires, partis politiques ou toutes les personnes ou organismes dont l’objectif est de convaincre leur interlocuteur ou de le faire agir dans un but non dévoilé au préalable. Loin de moi l’idée de faire de nos étudiants de fins manipulateurs. Il m’a semblé plutôt que connaître les procédés décrits dans le film permettait de s’en défendre et que les vrais manipulateurs n’avaient pas attendu ce film pour exercer leur talent. C’était aussi une occasion d’initier les élèves aux joies de la psychologie sociale (à ne pas confondre avec la psychosociologie).


Joule et Beauvois s’appuient sur des travaux antérieurs concernant la théorie de l’engagement. Ils montrent que lorsqu’une personne a finalement fait ce dont elle se serait volontiers dispensé, cela a été préparé par un ou plusieurs comportements préalables qui ne paraissaient pas poser de problème au moment de leur réalisation. Tout se passe comme si cette décision initiale, effectuée dans un contexte de liberté, allait cristalliser les possibilités de choix ou de comportement à venir, même lorsque les conditions changent (c’est ainsi qu’on va indéfiniment faire réparer- à prix d’or - une vieille voiture) A partir cette notion de persévération dans un cours d’action s’élabore la théorie de l’engagement (Kiesler, 1971) Les sept procédés de manipulation décrits dans le livre de Joule et Beauvois et mis en scène dans le film découlent de cette théorie de l’engagement. Je les cite. Pour le plaisir des noms qui leurs sont attribués, assez explicites ma foi :

le piège abscons, forme typique de l’auto-manipulation,

le pied dans la porte avec demande explicite

le pied dans la porte avec demande implicite

le leurre

l’amorçage

le toucher

la porte au nez.


Je fais approuver le scénario par les deux auteurs suscités. Le tournage est réalisé par Gilbert Renaud, de l’INPSA et le livret est confié aux plumes de Joule et Beauvois qui présentent pour chacun des procédés étudiés l’expérience scientifique primitive et ses extensions en matière de manipulation. A la suite de cette présentation scientifique, le texte du scénario est présenté, avec pour chaque séquence un titre, nommant le procédé qu’il faudra observer et un commentaire, analysant comment les personnages du film manipulent, se font manipuler, évitent les pièges ou tombent dedans.


1992 - Pendant ces années-là je rencontre beaucoup de professeurs de français et d’éducation culturelle. Lors des stages - Beauvois vient en faire un sur la psychologie sociale, d’autres intervenants nous parlent les uns d’analyse transactionnelle, les autres de PNL - je m’aperçois avec effroi que certains enseignants, nourris récemment à la mamelle des Editions d’Organisation, pratiquent une de ces “lectures” de la relation, en vogue, sans réelle compétence et sans le recul apporté par la confrontation avec d’autres théories et avec la recherche en sciences de la communication. Je redoute que la réflexion soit remplacée par l’apprentissage et l’application de recettes pragmatiques, présentées chacune comme le remède universel et exclusif à toute difficulté relationnelle.


Mon propre cheminement au long de ces cinq années m’a fait passer d’une approche technique de la communication à une appréhension plus large des recherches contemporaines et de ses fondements théoriques. La rencontre avec le livre d’Edmond Marc et de Dominique Picard, livre de synthèse et de vulgarisation sur “l’interaction sociale” m’a permis de rassembler les points de vue multiples déjà évoqués, d’en comprendre les particularités et d’en repérer les convergences. C’est pourquoi je décide de réaliser un document dont la forme se distingue de celle des précédents : le film présente quelques situations de communication, jouées par des comédiens, suivies de commentaire proposés par des chercheurs de diverses disciplines. Le propos d’Anna et les autres consiste à montrer que sur une même série d’interactions, plusieurs théories apportant chacune un éclairage différent contribueront à affiner l’analyse. Et aussi qu’un outil méthodologique peut être plus adéquat pour une situation que pour une autre. Mon choix est de ne pas écrire de continuité dialoguée, mais un canevas pour chaque situation, dont les dialogues seront improvisés par les comédiens : ainsi attitudes, paroles et comportements échappent-ils en partie à leur contrôle, comme ils nous échappent souvent dans la vie quotidienne. Les analyses de situations sont faites dans le film successivement ou exclusivement par Edmond Marc (qui se réfère à la théorie des systèmes de l’école de Palo Alto), Dominique Picard (qui s’appuie sur l’œuvre de Goffman concernant l’analyse des rituels d’interaction) et Françoise Vallade (qui montre comment on peut remédier à certaines situation grâce à l’analyse transactionnelle).

Afin que les exposés et discussions ne soient pas trop touffus, je n’ai pas ouvert ces commentaires à d’autres chercheurs, à d’autres disciplines qui y auraient pourtant trouvé leur place. Le livret donne quelques pages théoriques sur l’approche systémique, les rituels d’interactions, et les jeux psychologiques décrits par E. Berne (analyse transactionnelle). Ces chapitres sont écrits par les intervenants. Puis quelques textes des auteurs cités en référence sont proposés.



Comment savoir si l’ensemble de ces documents a aidé les enseignants à élaborer leur intervention en sciences de la communication, discipline qu’ils n’ont pas vraiment abordée au moment de leurs études ?Une statistique des ventes aurait pu me donner une indication. Mais lorsque j’ai quitté l’INRAP, au moment de la restructuration des instituts dijonnais, j’ai demandé au responsable de la commercialisation des documents combien de fois avait été vendu le premier document : “Une réunion bien ordinaire”, en circuit depuis quatre ans. Il a mis quelques jours à extraire un listing de son ordinateur et m’a annoncé avec désinvolture : 4 exemplaires ! Pour un document qui avait été tiré en 250 exemplaires et réédité plusieurs fois, j’ai trouvé que le chiffre affiché était maigre.


Pour ce qui est des deux premiers documents, j’ai eu quelques échos direct d’utilisateurs satisfaits. J’ai même rencontré un prof de l’IUT communication, ancien PEC, qui m’a dit s’en servir encore (en 2018 !). Il semble même que quelques personnes qui n’ont jamais été dans l’enseignement agricole les ait connus et utilisés. Mais comment ? et combien ?

J’ai donc été émue et flattée que mes anciens collègues de l’INRAP considèrent cette série de documents pédagogiques comme un des chantiers emblématiques de l’INRAP car j’avais l’impression alors qu’il s’agissait d’un chantier solitaire, pas plus sérieux à leurs yeux que l’éducation culturelle … et presque clandestin. Mais je me suis bien amusée !

caroline.philbert491@orange.fr mailto:fil@carolinephilbert.frhttp://google.com/shapeimage_1_link_0