CAROLINE PHILIBERT, Documentariste

              CAROLINE PHILIBERT, Documentariste

 

Au commencement, donc, était Dieu qui fit le ciel et la terre, les eaux, les plantes les animaux et les humains. Le septième jour, Il se reposa. Les humains inventèrent l'écriture il y a 5000 ans et prirent vite en note ces événements majeurs de leur histoire, dans un gros livre, encore en vente actuellement dans les bonnes librairies et qu'on appelle la Bible.


A l'époque bien sûr, on n'avait pas encore pris conscience du phénomène de l'évolution des espèces et on considérait que l'homme, créature à l'image de Dieu, régnait sur toutes les espèces inférieures.


Il a fallu attendre le début du XIXème siècle, il y a deux cents ans seulement, pour que Lamarck élabore la théorie du transformisme, à partir des travaux antérieurs : on avait alors une bonne connaissance du monde vivant, grâce à Linné et Buffon ; parallèlement la géologie se développait, et l’étude des fossiles, marquant la longueur des temps géologiques, révélait l’existence d’espèces animales et végétales différentes des faunes et flores actuelles.


Selon Lamarck, les êtres vivants ont une origine commune. Il fait l’hypothèse, non prouvée depuis lors, que la vie trouve son origine dans le monde minéral. De génération en génération, les êtres découlent les uns des autres par une transformation progressive et continue, disposés sur une “échelle des êtres”. Par ces transformations, les espèces engendrent de nouvelles espèces différentes en allant, “à sens unique”, des espèces les plus simples aux espèces les plus complexes. L’ultime étape est l'être humain. Ces modifications sont transmises, par l’hérédité des caractères acquis, aux descendants qui s’élèvent peu à peu sur l’échelle des êtres, par leur volonté de s’améliorer. Voyez comme la girafe a allongé son cou pour atteindre les plus hautes branches !

Collage : Pierrette Thulliez

Aquarelles: Christophe Philibert

1  le créationnisme

Allez directement aux chapitres :

3 La variabilité : notions de génétique 

4  La dérive des populations

5  La spéciation  

6  La reine rouge

7  L’accumulation 

8  Grands bonds 

9  Le mot de la fin

Cette théorie bouscule l’idée que l'homme aurait été créé le sixième jour dans toute sa perfection. Toutefois elle le situe toujours au sommet de l’échelle où il s’est hissé. Mais cette échelle est fixe et Lamarck pense qu’aucune espèce n’est jamais disparue.


Cependant les scientifiques continuent de s’interroger :

Par quels mécanismes les espèces peuvent-elles se tranformer ?

On cherche des explications.

Thomas Robert Maltus avait publié en 1798 son "essai sur le principe de population". Il y affirmait qu'en raison de la surpopulation des espèces, il s'établit entre les individus une lutte quotidienne pour l'existence où seuls subsistent les plus adaptés à l'environnement.


S'appuyant sur cette idée Darwin publie en 1859 sa fameuse théorie de l’évolution, reposant sur la sélection naturelle : les mieux adaptés se reproduisent le plus - être un mâle dominant offre souvent quelques avantages - et transmettent à leur descendance leurs avantageuses différences. Il s'établit par cette sélection naturelle une adaptation progressive au milieu et une transformation des individus qui, à la longue, créent de nouvelles espèces.

On peut observer dans n’importe quel jardin zoologique les mécanismes ordinaires de sélection sexuelle. Afin d’être choisis par une femelle, les mâles mettent en œuvre les stratégies bien connues : parades des paons, bagarres des cervidés… En laboratoire, on peut obtenir en quelques générations des espèces qui ne se reconnaîtront plus entre elles lors de la parade : les mouches drosophiles en offrent un exemple bien connu.

Un caractère évolue parce que les femelles préfèrent les mâles qui en sont porteurs. Ce caractère,sélectionné par les dames, deviendra vite prédominant dans toute une population : on pourra voir ce phénomène en observant les poissons et des oiseaux, les diamants mandarins.

Inversement une préférence sensorielle des femelles peut être présélectionnée et ne se réaliser que lorsque, par hasard, une mutation survient… et plaît. Une expérience effectuée en laboratoire par Frank Cézilly, etho-ecologiste, montrera que si l’on colle une plume blanche sur la tête d’un diamant Mandarin, le mâle ainsi paré attirera davantage la femelle. Si une mutation de ce type arrivait par hasard, l’espèce « plume blanche » serait bientôt plus nombreuse

Darwin met en lumière, le jeu de plusieurs processus différents, les uns contingents, novateurs, rapides, indépendants du milieu, les autres plutôt sériels, adaptateurs, plus lents, étroitement liés à l’environnement, sans doute non nécessaires mais plus probables et donc partiellement prévisibles. Cette étroite imbrication du sériel et de l’événementiel fait de l’évolution une histoire, dont les séquences sont déterminées par les conditions de l’environnement, de la géographie, des cycles astronomiques ou géologiques, par les contraintes externes ou internes et d’autre part par le jeu imprévisible de l’événement, le rôle du singulier de l’individu, le hasard de petits faits…


La sélection naturelle  est donc à l’origine de la transformation des espèces au cours du temps. Cette théorie cohérente fonde encore, par la plupart de ses propositions, toutes les théories de l’évolution qui lui succéderont.


Hum ! voilà des idées bien peu compatibles avec les théories fixistes !


Malgré son gradualisme, Darwin admet aussi la discontinuité de l’action de la sélection, son hétérogénéïté. Celle-ci nous fait pressentir le jeu de plusieurs processus différents, les uns contingents, novateurs, rapides, indépendants du milieu, les autres plutôt sériels, adaptateurs, plus lents, étroitement liés à l’environnement, sans doute non nécessaires mais plus probables et donc partiellement prévisibles. Cette étroite imbrication du sériel et de l’événementiel fait de l’évolution une histoire, dont les séquences sont déterminées par les conditions de l’environnement, de la géographie, des cycles astronomiques ou géologiques, par les contraintes externes ou internes et d’autre part par le jeu imprévisible de l’événement, le rôle du singulier de l’individu, le hasard de petits faits…


Les humains peuvent encore garder la tête haute (heureusement, sinon ils perdraient une de leurs principales caractéristiques !) l’honneur est sauf, l’ego aussi, car on pense à l’époque que seules les transformations qui présentent un avantage adaptatif sont transmises. Les autres disparaissent, éliminées par la sélection naturelle : l'humanité est l'aboutissement de ce long processus, notre espèce est l'une des plus complexes, la plus aboutie grâce à l'acquisition de la pensée réfléchie.


Certes, il faut admettre que Dieu a mis plus d'un jour pour faire sa créature à son image, mais les scribes de l'ancien testament ne pouvaient le savoir !

2 -Les débuts de la théorie

Collage : Pierrette Thulliez