CAROLINE PHILIBERT, Documentariste

 

Une valse à trois temps ( temps 2 : la dérive )

Collage : Pierrette Thulliez

Bon d’accord ! mais ça c’est de l’histoire ancienne !

Je retourne à la liste des films

1 Le créationnisme

2  Les débuts de la théorie

3 La variabilité : notions de génétique 

Allez directement aux chapitres :

5  La spéciation  

6  La reine rouge

7  L’accumulation 

8  Grands bonds 

9  Le mot de la fin

Cette scission peut se produire soit de manière progressive, soit de manière brutale, en quelques générations.


A l’intérieur d’une espèce, la fréquence de tel ou tel allèle va augmenter ou diminuer jusqu’à disparaître, par le jeu des migrations, mouvements d’individus ou de gamètes entre les populations. Plus une population est grande, plus le patrimoine génétique de celle-ci est varié. Si le nombre d’individus d’une population est faible, les allèles non gagnants vont disparaître plus vite. Ainsi, en l’absence d’autres formes de pression évolutive, les fréquences alléliques fluctuent au gré du hasard : ce phénomène est appelé dérive génétique.

Des espèces nouvelles se forment lorsque ce qui était jusqu’alors un ensemble de populations aptes à l’intercroisement se scinde en deux ensembles entre lesquels les échanges génétiques sont rendus impossibles par des mécanismes d’isolement reproductif.

L’exemple de la phalène du bouleau est très connu pour expliquer ce mécanisme.


Près de Manchester, il existe deux sortes de phalènes, papillons nocturnes : les “blancs”, mouchetés de noir, et les noirs. Le caractère “noir” ou “blanc” est donné par une paire d’allèles. Cette variété est sans doute venue d’une mutation, arrivée on ne sait quand dans l’histoire des phalènes. Chaque phalène peut connaître les deux situations.


Au XVIIIème siècle, c’est apparemment le caractère “blanc” qui domine le plus souvent. Les “noirs” sont beaucoup plus rares : un pour dix mille.


Pourquoi l’allèle noir n’est-il pas plus fréquent ? Parce que sur les lichens clairs des bouleaux, le jour, les oiseaux repèrent les noirs et les dévorent. L’allèle noir pourrait irrémédiablement disparaître si…


L’industrialisation au XIXème se développe. Les usines envahissent le paysage et crachent des tonnes de dioxine de soufre et de suie. La dioxine tue les lichens. La suie noircit les troncs. Phalènes et oiseaux ont survécu mais les oiseaux repèrent mieux les phalènes blancs sur les troncs rembrunis. La forme noire, mieux camouflée, devient plus abondante. A la fin du XIXème, 98% des phalènes sont noirs.


1997 : le même paysage, les mêmes acteurs. Depuis 1959 une loi oblige les industriels à nettoyer leurs fumées. Les lichens clairs réapparaissent sur les arbres. Dans certaines zones industrielles, on compte déjà 4 phalènes blancs pour 6 noirs : un meilleur camouflage des formes blanches dans un environnement assaini provoque, en quelques années, une nouvelle dérive.

4 - La dérive

Aquarelles: Christophe Philibert