CAROLINE PHILIBERT, Documentariste
Une valse à trois temps ( temps 3 : la spéciation)
Aquarelles: Christophe Philibert
C’est sûr, ça ? allez, ça suffit
3 La variabilité : notions de génétique
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L’éclatement d’une espèce en deux espèces distinctes est souvent le résultat de l’isolement géographique de petites populations marginales. Un groupe, du fait de son faible effectif et de l’absence d’échanges avec le reste de l’espèce, subit une évolution rapide par dérive génétique, aboutissant à une forme nouvelle. Celle-ci, si elle est viable, parviendra à l’état adulte, et sera fertile. Par le jeu de la sélection naturelle, la nouvelle espèce va s’implanter ou disparaître, en fonction de sa capacité à subsister dans l’environnement qui est le sien (climat, prédateurs...)
En Arctique et en Antarctique, on trouve diverses espèces d’oursins, dont certaines sont incubantes (ont des œufs, peu nombreux, qu’elles couvent et protègent ainsi des prédateurs et des courants). D’autres espèces produisent des milliers de larves qui se répandent dans l’eau et dont quelques-unes survivront. On peut penser que les conditions géographiques, climatiques et écologiques sont fortement contingentes quant à la spéciation de ces espèces. Or dans ces deux milieux marins si semblables, la proportion entre ces espèces n’est pas du tout la même.
Comment des populations issues d’une même espèce souche peuvent-elles diverger au point que l’intercroisement entre elles devienne impossible ?
Jean-Pierre Féral (généticien au laboratoire Arago de Banyuls) et Bruno David (paléontologue à l’Université de Bourgogne) viennent d’organiser une expédition en Antarctique pour observer et comprendre les conditions de séparation entre des espèces voisines. Ils ont d’abord localisé ces populations. Il faut ensuite plonger pour pêcher ces oursins et sur place étudier leur physiologie et leur génome.
S’ils n’ont pas gelé sous l’eau, ils nous rapporteront des résultats et des images.
Donc, on observe la divergence progressive des populations en sous-espèces, puis en espèces différentes, de chaque côté des barrières géographiques. Les mutations s’accumulent. A terme, non seulement la fécondation entre espèce est impossible, mais même l’intercroisement le devient aussi : un mâle n’intéressera pas une femelle d’une espèce devenue différente !
Pas de transformation de l’espèce, ni de nouvelle espèce, sans variabilité.
Pendant longtemps les auteurs néodarwiniens pensèrent que la dérive génétique était négligeable par rapport à la sélection, au moins sur le court terme et dans les grandes populations (dans cette optique, un allèle mutant ne se propage dans la population que s’il réussit à passer le cap de la sélection naturelle, s’il gagne la compétition… s’il est meilleur que les autres !
Or depuis près d’un demi-siècle, les chercheurs ont démontré que la dérive génétique est le principal facteur de l’évolution et qu’elle explique le maintien de la diversité des populations. En effet, le nombre des gènes capables d’évoluer est immense et il suffit qu'une mutation soit viable pour qu'elle se développe au sein de l'espèce ou crée une espèce nouvelle, même si elle ne présente aucun avantage immédiat. Si le principe de la sélection naturelle est celui qui décide de l’évolution au niveau des phénotypes, au niveau de la structure interne du matériel génétique, une grande partie des changements évolutifs est régie par la dérive aléatoire.
5 - La spéciation
Et un et deux et trois… et un et deux et trois…